Le rôle essentiel de la routine pour votre chat
Les chats ont besoin de suivre les mêmes rituels chaque jour. Et toute modification, rythme ou environnement peut les perturber considérablement. Mais quelle est la raison pour laquelle la routine est si cruciale pour nos chats domestiques ?
Écrit par Anaïs Tarande
Publié le
Lorsqu'on parle d'éthologie, on fait référence au chat sauvage, non domestiqué, que nous appelons Haret (Félis silvestris catus) de manière un peu technique. Pour que tout le monde puisse comprendre sans avoir besoin d'une encyclopédie.
De la vie sauvage au confort de la maison
Autrefois, notre chat Haret avait son propre territoire, un domaine qu'il gardait tout au long de sa vie. Contrairement à un nomade, le chat s'enracinait. La majeure partie de ses journées et nuits étaient dédiées à la chasse, nécessitant environ une vingtaine de proies pour subsister. C'était un processus chronophage. Le félin parcourait des distances considérables à la recherche de nourriture. Entre deux prises, il se reposait pour recharger son agilité et sa vélocité en prévision de la prochaine chasse. Favorisant la nuit, son excellente vision nocturne lui permettait de capturer ses proies plus efficacement, celles-ci étant désavantagées par l'obscurité.
Puis, l'homme est arrivé, posant ses bagages non loin du territoire du chat. Il y avait de quoi manger pour le félin, mais l'homme cherchait parfois à se débarrasser de ses proies préférées. L'idée d'un partenariat a germé : le chat pourrait filer un coup de patte à l'humain en échange de nourriture et d'un toit sûr, loin des menaces de la nature. Ainsi, notre chat Haret a trouvé son coin douillet dans une grange, s'occupant à traquer souris, rats et oiseaux. Finies les frayeurs face aux renards ou aux belettes. Mais voilà, une question se pose : que faire de ses journées après avoir rempli son frigo sans avoir à faire le tour de la région pour le remplir ?
Ritualiser la journée pour occuper un chat
La vie de notre chat Haret prend un tournant complexe : un voisin s'est installé dans la grange, et comme tout bon chat, la cohabitation n'est pas au programme. Entre rester et tolérer l'intrus ou partir pour échapper à la faim et au froid, le choix s'avère difficile. Pourtant, rester semble être le moindre des sacrifices, même si cela se fait à contrecoeur. Reste alors la question cruciale : que faire durant la journée ? Notre félin observe le comportement des bipèdes qui mènent une existence presque similaire à celle des chats. Ils suivent un rythme régulier, répétant quotidiennement les mêmes actions aux mêmes moments. La solution apparaît clairement pour notre chat : s'occuper. C'est ainsi que le chat commence à rythmer sa journée en reproduisant les mêmes actions à des moments spécifiques. Bien sûr, des variations s'insèrent dans cette routine en fonction de divers éléments tels que l'âge, la météo ou d'autres animaux, mais le fil conducteur reste le même.
Les années passent pour notre chat domestiqué, vivant dans un environnement citadin où les humains font de plus en plus venir les chats pour éradiquer les nuisibles avant de penser à la compagnie. Les rues se remplissent de chats se nourrissant dans les poubelles lorsque les proies se font rares. La quête de nourriture devenant plus aisée, les journées s'étirent et deviennent plus difficiles à combler.
Puis, dans les années 60/70, le chat intègre les intérieurs, se régalant de pâtées et de croquettes, réduisant encore la recherche de nourriture à un minimum. Progressivement, les humains n'apprécient guère que leur chat chasse et se nourrisse de rongeurs. Les tapettes et autres pièges prennent le relais. Le chat évolue alors pour devenir l'ami et le confident de l'homme plutôt que le chasseur de nuisibles. Il devient le compagnon de choix pour les solitaires, les enfants et les personnes âgées, s'invitant dans tous les foyers, même chez les célibataires. Cependant, la journée du chat, souvent seul à la maison ou dans l'appartement, semble interminable. Entre siestes, toilettes, quelques croquettes, l'utilisation du griffoir, des jeux et de nouvelles siestes, la journée s'étire. L'humain rentre, demandant son lot quotidien de caresses, mais s'éclipse rapidement pour dormir, laissant une nuit potentiellement longue pour notre félin qui risque la déprime dans l'oisiveté.
Sans routine, le chat stress
La ritualisation devient de plus en plus intense, laissant peu de place aux moments de repos. Dès qu'une routine est interrompue, le chat s'anime d'angoisse. Cela devient une obsession : remplir sa journée en effectuant chaque action au bon moment. Passer du griffoir au canapé en empruntant le bon accoudoir, ou se frotter longuement contre la porte en entrant dans le couloir, tout devient un tourment sans fin pour notre compagnon. Si plusieurs chats partagent la vie d'un même foyer, il convient de veiller à ne pas perturber leurs habitudes respectives, mais cela est un tout autre sujet. Il est ainsi reconnu que nos chats peuvent souffrir de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Pour faciliter la vie de Félix, évitez les changements de meubles ou de disposition dans l'environnement, pour ne pas briser son rythme et déclencher du stress. C'est un stress que notre heureux chat Haret ne connaît pas, n'ayant pas le temps de le tester. Ce stress est le prix à payer pour nos chats afin de vivre dans le confort sans risquer la disette. Il peut paraître minime face aux avantages de la domestication, mais certains chats n'y trouvent jamais leur compte. Aidons-les au mieux en leur offrant des activités variées pour rythmer leur quotidien. Anticipez également les changements de rythme de vie.
Au premier signe de stress chez votre chat, réagissez promptement. Inutile de recourir à des diffuseurs ou sprays aux résultats incertains. Observez et tentez de comprendre. Les comportementalistes spécialisés peuvent vous apporter leur aide. En cas de doute, ne tardez pas à agir avant que votre Félix ne sombre dans la dépression. Parfois, un simple appel suffit pour obtenir des conseils rassurants sur les actions à entreprendre ou à éviter.