Stark : le malinois rescapé : un an de prison ferme pour son bourreau

Dans une décision qui marque un tournant dans la lutte contre la maltraitance animale, le tribunal judiciaire de Mulhouse a prononcé ce vendredi 20 juin une condamnation exemplaire contre l'ancien propriétaire de Stark, berger malinois victime d'actes de cruauté d'une rare violence. Cette affaire, qui avait ému toute la région, se conclut par une peine d'un an de prison ferme, accompagnée d'une interdiction définitive de détenir des animaux.

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Stark, berger malinois amputé d'une patte, dans son nouvel environnement après son sauvetage par la SPA de Mulhouse
Crédits photos - Spa mulhouse Haute Alsace

Le tribunal judiciaire de Mulhouse a rendu ce vendredi 20 juin une décision qui marque un tournant dans la lutte contre la maltraitance animale. L'ancien propriétaire de Stark, un berger belge malinois victime de sévices graves, a été condamné à 18 mois de prison dont 12 ferme, assortis d'une interdiction définitive de détenir un animal.

Un sauvetage miraculeux

L'histoire de Stark commence dans la douleur, entre Noël et le Jour de l'An 2025, dans un quartier de Mulhouse. Son maître, un homme d'une quarantaine d'années, avait eu l'idée cruelle de "promener" son chien en l'attachant avec une longe d'une dizaine de mètres à sa voiture. Selon les témoignages recueillis, le conducteur effectuait des accélérations brutales suivies de freinages soudains, jusqu'à ce que l'animal tombe d'épuisement, les coussinets en sang.

C'est trois semaines plus tard, alerté par une odeur insoutenable signalée par le concierge d'un immeuble, que les agents de la SPA de Mulhouse Haute-Alsace découvrent le berger malinois agonisant dans une cave. "Le chien ne bougeait plus du tout", se souvient Mathieu Spenlé, directeur de l'association. Stark était dans un état critique : affamé, déshydraté, et gravement brûlé, particulièrement au niveau des pattes et des coussinets.

Une renaissance exceptionnelle

Malgré la gravité de ses blessures, Stark a montré une force de vie extraordinaire. L'une de ses pattes avant, trop infectée, a dû être amputée pour éviter une septicémie. Mais contre toute attente, dès le lendemain de l'opération, le courageux malinois se remettait debout. "Ce chien avait une telle envie de vivre qu'une semaine après, il gambadait déjà sur ses 3 pattes", témoigne le responsable du refuge.

"On ne pensait pas que ça finirait comme ça", précise Mathieu Spenle. "C'est une victoire pour nous ! Avec lui, on sait pourquoi on fait ce boulot..." Pas rancunier envers l'espèce humaine, Stark s'est comporté sans la moindre agressivité avec les soigneurs et bénévoles de l'association, qui ont tout fait pour le chouchouter pendant son séjour à Mulhouse.

Aujourd'hui, Stark coule des jours heureux auprès de sa famille d'adoption en Suisse. Hormis sa patte manquante et quelques zones où les poils ne repousseront jamais, il ne garde aucune séquelle psychologique de son calvaire.

Une condamnation exemplaire

Le 3 juin dernier, l'ancien propriétaire de Stark comparaissait devant le tribunal correctionnel de Mulhouse pour "sévices graves et actes de cruauté". Lors de son procès, le prévenu a tenté de minimiser les faits, affirmant que les brûlures étaient dues à une pommade désinfectante. Des messages troublants ont pourtant été retrouvés, dont un texto où il écrivait : "le chien est à l'agonie, il faut le jeter dans le canal".

Plus inquiétant encore, il s'est avéré que le prévenu n'en était pas à sa première victime canine. Il avait acquis Stark juste après la saisie de son ancien chien, Riley, lui aussi victime de mauvais traitements.

Le tribunal judiciaire de Mulhouse a finalement rendu son verdict ce vendredi 20 juin, condamnant l'ancien maître à 18 mois de prison dont 12 ferme et six mois assortis d'un sursis probatoire. Il a également prononcé une interdiction définitive de détenir un animal ou d'exercer un métier en lien avec les animaux.

Un signal fort contre l'impunité

"C'est bien, c'est même très bien !", s'exclame Mathieu Spenle à l'annonce du jugement. "J'ai déjà vu des gros cas de maltraitance, mais d'habitude ça passe à la trappe, avec juste quelques travaux d'intérêt général d'une centaine d'heures. Là, c'est la première fois que je vois ça, si ça continue ainsi, on marque des points".

La SPA de Mulhouse, qui avait pris en charge les soins de Stark, percevra également 1887 euros au titre de préjudice matériel et moral. Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de durcissement de la législation française en matière de protection animale. Depuis 2015, les animaux sont reconnus par la loi comme "des êtres vivants doués de sensibilité" et non plus comme de simples objets.

Cette affaire rappelle l'importance des signalements citoyens dans la lutte contre la maltraitance animale. Selon les statistiques de la SPA de Mulhouse, une dizaine de cas de maltraitance grave sont traités chaque année, "et on est sans doute loin du compte". Comme le souligne Mathieu Spenle : "Dans ce cas précis, heureusement qu'il y a eu une dénonciation anonyme, sinon Stark serait probablement mort".