Avoir plusieurs chats à la maison: est-ce vraiment une bonne idée ?

La plupart des chats ont une préférence pour la solitude plutôt que de vivre en compagnie de leurs congénères. Cependant, en tant qu'êtres humains, nous avons tendance à projeter nos propres sentiments sur nos animaux de compagnie. Il nous arrive de penser qu'ils s'ennuient s'ils sont seuls pendant la journée. Par conséquent, la solution qui nous vient naturellement est d'adopter un second chat, puis un troisième, voire un quatrième... et rapidement, nous nous retrouvons entourés de nos petits félins.

Il est indéniablement joyeux de les voir jouer, nous accueillir à notre retour du travail, de leur offrir des câlins et des bisous. En somme, partager sa vie avec des chats procure tant de bonheur que nous pouvons facilement perdre de vue la raison, tant pour nous que pour eux.

Bien que les chats puissent tolérer de vivre avec quelques compagnons, ils ne seront pas à l'aise s'ils se retrouvent entourés de douzaines d'autres chats, ce qui peut les perturber, tout comme les autres chats présents.

Un besoin d'espace

En milieu naturel, un chat établit son territoire sur une superficie allant de 4 à 75 hectares. Bien évidemment, nos appartements, même avec un jardin, sont bien plus restreints. Donc, si vous avez 4 chats, théoriquement, il faudrait au moins 16 hectares pour leur offrir un espace adéquat. Oui et non, nos chats domestiques sont capables de s'adapter à ce qui est à leur disposition, mais avec une limite en ce qui concerne le nombre de congénères autour.

Mis à part le comportement de certaines personnes qui "collectionnent" les animaux comme des trophées, il y a aussi des individus raisonnables qui se trouvent dépassés par les événements, que ce soit en raison d'adoptions, de portées non désirées, d'accueil de familles temporaires, d'élevage, et ainsi de suite. Au-delà de 4 chats pour un particulier ou d'une douzaine pour un éleveur correctement équipé, les chats ne peuvent plus être considérés comme étant véritablement heureux et à l'aise.

Bien sûr, on peut se consoler en prétendant qu'ils ne manquent de rien, qu'ils reçoivent des soins, de la nourriture, des jouets et de l'attention, mais c'est surtout une manière de se déculpabiliser. En réalité, ils manquent d'espace, doivent supporter un excès d'odeurs de leurs congénères, et ont du mal à trouver une place et un statut bien définis au sein de la communauté. Même si on leur accorde du temps, un chat préférerait que l'on passe tout notre temps à s'occuper de lui plutôt que de le partager avec 10, 20 ou plus de ses congénères.

Attention aux odeurs

Il est essentiel de revenir sur la question des odeurs : les chats tolèrent mal les odeurs corporelles des autres, étant dotés d'un odorat 5 à 9 fois plus développé que le nôtre. Imaginez-vous coincé dans une pièce entourée de personnes émettant des odeurs corporelles fortes, sans déodorant, bien entendu ! Vous ne pourriez probablement pas rester deux heures dans de telles conditions, mais il faudrait que nos chats le supportent pendant des années ? C'est là que nous nous heurtons aux limites de l'anthropomorphisme.

Le manque d'espace, ou plus précisément de territoire, soulève un autre problème lié aux odeurs : le marquage des limites. Chaque chat voudra imprégner ces limites de son propre parfum, entraînant ainsi davantage de griffades, de frottements aux coins des portes, le long des meubles, sur nos jambes, sur nos effets personnels, etc. En ce qui concerne les marquages urinaires, qu'ils soient liés au stress, au marquage territorial ou à la jalousie, une grande communauté entraîne inévitablement des incidents d'urine en dehors de la litière.

Une question sanitaire

Cela soulève indubitablement des problèmes d'ordre sanitaire et hygiénique, en plus des problèmes liés aux odeurs. Il est nécessaire d'avoir un bac à litière par chat, plus un supplémentaire. Imaginez une personne ayant 25 chats vivant dans un appartement de taille standard, par exemple 60 m². En supposant que chaque chat dispose de 2,4 m², cela signifierait qu'il faudrait 26 bacs à litière, soit plus de 75 kg de litière à changer quotidiennement... Cela semble inenvisageable.

En effet, à moins d'être un professionnel travaillant à plein temps ou d'avoir un employé dédié, il est tout simplement impossible de tout gérer. Il y a le lavage des linges et des coussins, le nettoyage des paniers et des arbres à chats, le nettoyage des gamelles et le remplissage d'eau fraîche, le nettoyage des sols, la vidange, le lavage, la désinfection et le remplissage des bacs à litière, le ramassage de la poussière, et bien d'autres tâches. Ajoutez à cela le temps nécessaire pour jouer, câliner, éduquer et socialiser les chats, et cette personne n'aurait ni le temps de manger ni de faire les courses ! Sur le long terme, c'est tout simplement irréalisable, même pour les personnes les plus dévouées.

Des codes sociaux faussés

N'oublions pas non plus l'importance des codes sociaux félins, qui sont inévitablement faussés, tronqués, voire ignorés lorsque de nombreux chats cohabitent. Les adultes peuvent perdre ces codes sociaux, tandis que les chatons les apprennent de manière incorrecte, ce qui inévitablement entraîne des problèmes de comportement tels que la malpropreté, les griffades excessives, l'entêtement, l'agressivité, le non-respect des codes sociaux, des difficultés lors de l'introduction d'un chaton dans un nouveau foyer, et ainsi de suite.

Donc, pour votre bien-être et surtout celui de votre chat, réfléchissez à deux fois avant de céder à l'envie de vous entourer de trop nombreux chats. Si vous envisagez d'adopter un chat de race, choisissez un élevage qui n'est pas surpeuplé, car les usines à chat sont à éviter.

Assurez-vous de l'état sanitaire de l'élevage en vous déplaçant et en visitant la chatterie. Les chats trop fuyants ou, au contraire, trop inquisiteurs, sont des signes à prendre en considération. Vous pouvez également obtenir des informations auprès du vétérinaire de l'élevage, qui inspecte l'élevage deux fois par an et connaît tous les chats. Faites confiance à votre odorat, même s'il est moins développé que celui d'un chat, car il reste un bon indicateur de l'état sanitaire des lieux !